Pourquoi on ne fait pas le Black Friday ?
Le vendredi 26 novembre, c’est le Black Friday (ou vendredi noir en français). Un jour de promotions délirantes qui marque le début du « trimestre d’or » : les 5 jours du 21 au 26 novembre sont parmi ceux où les commerçants vendent le plus, annonçant la période la plus bénéfique de l’année.
Mais, d’où sort le black Friday ? Où prend-il ses origines et comment s’est-il implanté dans le monde ? Cet événement pose beaucoup de questions, qu’elles soient d’ordre social ou écologique. Et parce que la planète n'est pas en solde : on vous explique pourquoi on ne fait pas le Black Firday dans cet article.
À l’origine
L’expression « Black Friday » apparait dans les années 50 à Philadelphie, il désigne le vendredi avant le weekend de Thanksgiving, lorsque les militaires de la Navy organisent leur match de football américain annuel. Les policiers voient alors débarquer les foules dans la ville dès le vendredi, d’où l’utilisation du terme « noir » de monde.
Dans les années 80, au lieu d’utiliser le terme « Black Friday » pour désigner la foule, les commerçants détaillants l’emploient pour désigner le début de la saison de shopping d’hiver et les promotions qui vont avec. Encore une fois, le mot noir prend tout son sens : sur les livres de comptes, on inscrivait en rouge lorsqu’on ne faisait pas de profit, et en noir lorsque les ventes généraient des bénéfices. En découle les expressions « To go into the black », puis « Black Friday» qui désigne maintenant cette période de promotions.
Le Black Friday arrive en Angleterre puis en Europe continentale en 2013. Ce sont les grands groupes de vente en ligne qui importe cette tradition avec de très grosses promotions, obligeant les petits commerçants à s’aligner sur les prix et à participer pour s’assurer des ventes le jour où le plus de consommateurs font des achats dans l’année. Selon la National Retail Federation, 164 millions de personnes prévoient de faire du shopping entre le Black Friday et le Cyber Monday (jour de promotions similaire, mais en ligne).
Le Cyber Monday n’est pas à négliger : en 2020, aux États-Unis, cet évènement a battu le vendredi noir en générant 10.8 milliards de dollars contre 9 milliards. C’est 30% du chiffre d’affaires du secteur retail qui est réalisé entre fin novembre et Noël. Ces chiffres sont très impressionnants, mais ils se répercutent aussi sur notre environnement. Par exemple, selon Jean-Louis Missika et Ariel Weil (adjoint à la Marie de Paris et Mairesse du quatrième arrondissement de la capitale) : «2,5 millions de livraisons sont attendues par jour, soit dix fois plus que le nombre de colis livrés quotidiennement le reste de l'année à Paris. ».
Cette période entraine d’importantes émissions de gaz à effet de serre, des problèmes de gaspillage, mais elle questionne aussi sur des pratiques de promotions douteuses. Laissez nous vous en dire un peu plus.
Des pratiques commerciales douteuses
Qui dit promotions dit marketing agressif et techniques de manipulation pour pousser à la consommation. Les promotions ne sont pas aussi bénéfiques qu’on peut le penser. À l’origine elles aident les commerçants à se débarrasser de leurs stocks invendus pour faire de la place aux nouveaux produits, cependant, durant le Black Friday, certaines entreprises ont des pratiques douteuses pour pousser à la consommation. On vous en parlait déjà dans un post inspiré par Loom, mais pour vous résumer, voici comment on peut se faire manipuler :
-L’effet de groupe : « Tout le monde achète le dernier truc à la mode, j’en veux un aussi ! ». Ça, ce n’est pas tellement la faute des marques, mais certaines ont bien compris que ce biais était utile pour que les clients achètent toujours plus. C’est pourquoi, sur beaucoup de sites de e-commerce, on remarque, lorsqu’on met un produit dans notre panier, les mentions « d’autres clients ont aussi acheté avec ce produit ».
-Le biais de rareté, particulièrement sur internet, quand on lit « plus que 5 en stock !» par exemple. Ceci pousse à acheter des produits, même si on en a pas besoin, parce qu’il n’y en aura plus après. (Ça me rappelle une sombre histoire de pénurie de papier toilette… Pas vous ?)
-Le biais d’ancrage : quand on voit un prix barré ou une réduction sur le prix original. Le client pense économiser de l’argent avec ce sac acheté à -50%, pourtant il vient d’acheter un article dont il n’avait peut-être pas besoin, et a bien dépensé son argent quand même. Et puis, ça pose quand même une question : quand on est capable de diviser le prix d’un produit par deux ou plus, quel est le coût de sa production ? Et au détriment de qui ?
-Les "fausses" promotions : dénoncées notamment par l’UFC Que Choisir qui accuse de nombreuses grandes. Dans l’article sont cités en exemple Amazon, Cdiscount, Darty ou encore Conforama. Le principe est simple : augmenter les prix des produits proposés pour le Black Friday quelques jours avant l'évènement. Un four passe donc de 359€ à 629€, puis une réduction « exceptionnelle » annonce le four à 299€ pour le Black Friday, laissant entendre que la promotion est de 330€, alors qu’elle est en réalité de 60. Une pratique légale mais douteuse, jouant sur les chiffres pour pousser à la consommation.
Tous les biais employés pour les promotions, notamment durant le Black Friday, sont un véritable déclencheur de surconsommation, qui pose un énorme problème de gaspillage et de déchets.
Ces pratiques ne sont pas spécifiques au Black Friday, certaines enseignes en usent toute l’année : après le black Friday, les ventes privées, après les ventes privées, les soldes, et ainsi de suite. Quand on remarque des promotions régulières sur un site, on peut se questionner sur le vrai prix du produit : comment une entreprise peut rester rentable en proposant des promotions à -70% ? Est-ce les marges de bénéfices qui sont incroyablement élevées, ou est-ce le salaire et les conditions de travail des cultivateurs ou des fabricants qui en payent le prix ?
Le Black Friday qui fait mal à la planète
Avec 50 millions de transactions bancaires en France pour le seul jour du Black Friday, on imagine facilement le nombre d’achats compulsifs et de déchets qu’ils génèrent. Selon Forbes, 80% des achats faits ce jour sont jetés avant d’être utilisés ou après une utilisation. Les secteurs les plus vendeurs : la mode, la technologie, la beauté, des domaines très polluants : par exemple, selon l’ONU, la mode est responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, elle emploie des ouvriers sous-payés à l'autre bout du monde qui s’intoxique via les teintures, les procédés de délavage ou encore la culture du coton (qui représente 25% des pesticides utilisés dans le monde). Il devient donc essentiel de consommer de manière responsable, et de plus en plus de marques cherchent à produire des produits propres, respectueux de l’environnement et des fabricants, comme Ubac.
Autre problème, les livraisons : en 2020, selon Money.co.uk, les commandes en ligne du Black Friday en Angleterre ont produit 420 000 tonnes cubes d’émission de gaz à effet de serre (soit 435 allers retours Londres – New-York). Attention cependant à la méthode de calcul, on ne peut pas déduire de globalité de ce chiffre car il n’y a pas de calcul des années précédentes. Il faut aussi ajouter d’autres émissions à la vie d’un produit, comme sa fabrication et ce qu’elle implique (matières premières, transformation…), mais aussi sa fin de vie.
Éviter le gaspillage et les achats compulsifs limite l’impact du Black Friday. Réparer, louer, réutiliser les objets permettrai de limiter grandement des impacts négatifs sur le climat. Par exemple, selon Pierre Galio à l’Ademe, si chacun allongeait la durée de vie de sa télévision d’un an, on pourrait éviter les émissions d’une ville de la taille de Lyon, c’est-à-dire 1,7 millions de tonnes.
Autre chiffre : 50 millions de tonnes de déchets électroniques sont créés chaque année (c’est ce qu’on appelle le e-waste) et seulement 20% sont recyclés. Le reste se retrouve souvent à la poubelle ou dans la nature, relâchant des métaux lourds et autres substances controversées comme le Bisphénol A.
En outre, nous devons changer notre manière de consommer et éviter de succomber à des achats inutiles pendant le Black Friday. Certains l’ont bien compris et s’oppose à ce jour, d’autres cherchent des alternatives pour une consommation responsable et raisonnée.
Les alternatives
-Le Giving Thursday : Lancé en 2012, cet événement prend place le jeudi d’après Thanksgiving. Pour cette initiative, on encourage à donner les objets dont on ne se sert plus, ou encore à prendre part à des actions de bénévolat (ramassage de déchets, collecte de fonds, aider les associations près de chez soi…).
-« Make Friday Green Again » est un collectif lancée par la marque française Faguo avec 1200 autres marques à ce jour, dont Ubac. Le but est de communiquer sur une façon plus saine de consommer, en achetant uniquement ce dont on a besoin. Pour les marques, deux conditions pour devenir signataire : ne pas faire le Black Friday, et communiquer sur une consommation plus responsable. Attention cependant, certaines marques en profitent pour verdir leur image.
-Le « Block Friday » regroupe un ensemble d’opération menées par les activistes de Youth For Climate et Extinction Rebellion. Elles consistent en des démonstrations et des actions devant les magasins ou les centres commerciaux afin de faire passer le message qu’une surconsommation de biens durant le Black Friday nuit fortement à l’environnement.
Toutes ces alternatives visent à faire prendre conscience au consommateurs que les promotions et la surconsommation, notamment lors du Black Friday, sont très nocives pour l'environnement. Il est donc temps de changer notre façon de consommer.
Consommer moins, mais mieux
Réapprenons à aimer nos vêtements !
Chez Ubac, nous proposons le prix le plus juste toute l’année : celui qui nous permet de rémunérer décemment chaque personne qui participe à la création et à la fabrication de nos produits. Plus cher, oui, mais intemporel et qualitatif. Cela ne veut pas dire qu'on ne fera jamais de soldes, mais nous ne prévoyons pas dans notre prix de vente des remises à tout va. Les promotions sont utiles lorsqu'on veut renouveler notre stock, faire de la place dans notre dépôt. Elles ne sont pas normales quand elles interviennent toute l'année.
Parce que le vêtement qui pollue le plus, c’est celui qui reste dans nos placards, nous avons à cœur de développer nos produits avec les clients via des questionnaires de création.
Et pour ne pas jeter votre basket ou votre pull car il est déformé après deux lavages, on innove toujours pour proposer les produits les plus résistants possible.
On cherche toujours les solutions les plus durables et locales possible, en privilégiant les matières recyclées ou naturelles, et en limitant les fioritures, du produit jusqu’à l’emballage.
Être une marque responsable, c’est aussi s’engager pour toujours plus de transparence : on vous a toujours tout dévoilé sur nos matières, nos lieux de fabrications, et cela ne changera pas.
Pour aller encore plus loin, nous reversons 1% de notre chiffre d’affaires à la LPO et nous achetons un arbre à planter au Pérou (avec Reforest’Action) pour chaque paire de basket achetée.
Sources : Forbes, Phys.org, Dropps, National Geographic, Euronews, France TV Info, One Heart, Oberlo, La Mode À L'Envers, UFC Que Choisir