Pourquoi le chanvre est la matière naturelle la plus écologique du monde textile ?
Le chanvre, c’est une matière oubliée, décriée, discréditée et sujette aux clichés. Pourtant c'est la matière naturelle la plus écologique sur le marché du textile ! À l’heure ou le monde entier s’inquiète de la planète, le chanvre et ses avantages écologiques et techniques doivent faire leurs retours.
En plus c'est une matière résistante et très agréable, idéale pour la chaussure. Voilà pourquoi nous avons choisi de l'utiliser pour la fabrication de notre basket KANA. Nous souhaitons aussi encourager le retour de cette filière textile si vertueuse en France et en Europe.
On vous décrypte ici pourquoi le chanvre est la matière naturelle la plus écologique du monde textile à travers son histoire, ses avantages et sa relocalisation dans la filière textile.
La première plante de l'histoire du textile
Le chanvre, c’est la première plante que l’humanité a cultivé pour fabriquer des textiles. Déjà au néolithique, il était cultivé en Asie, et à partir de -600, il servait à confectionner les vêtements royaux en Chine. Après l’Asie, le chanvre s’exporte au fil des siècles, l’Europe et le reste du monde commencent à en cultiver.
- En France, dès le moyen-âge, Charlemagne encourage la culture du chanvre.
- Lors des grandes explorations maritimes du 17e et 18e siècle, il connaît son âge d’or : étant très résistant, il permet de fabriquer des cordages et des voiles de bateau qui résistent aux vents et à l’eau salée.
- Il est utilisé jusqu’à la seconde guerre mondiale notamment pour la papeterie, l’habillement militaire et 80% de l’habillement civil.
Malheureusement, le chanvre est souvent confondu avec son cousin psychotrope (le cannabis), et cette ressemblance lui fait grandement défaut, encore aujourd’hui.
Les deux sont interdits en 1937 aux États Unis avec le Marijuana Tax Act, le déclin de cette fibre s'amorce dans le monde entier. En plus, avec l’industrialisation, les matières synthétiques dérivées du pétrole s’imposent comme nouveaux standards textile, sans parler de l'industrialisation de la production du coton qui est aujourd’hui l’un des principaux composants de nos vêtements.
C’est ainsi que la France, qui reste quand même un des premiers producteurs de chanvre de nos jours, est passée de 176 000 hectares cultivés en 1840 à 3 400 hectares en 1939.
La filière textile du chanvre en Europe
Aujourd’hui, la France est le premier producteur de chanvre en Europe, c’est l’un des seuls pays à ne pas avoir totalement arrêté sa culture à la suite des législations américaines.
Le chanvre français a de nombreuses utilisations :
- Isolation
- Composant des carrosseries automobiles
- Litière
- Cosmétique
- Alimentation
- Médical
Malheureusement, le savoir-faire dans le textile a complétement disparu en France. Tout comme celui du lin dont on est le premier producteur au monde. Il n’existe plus que deux filatures françaises comme Safilin, mais dont les usines sont depuis plusieurs années implantées en Pologne pour des raisons de coûts de main-d’œuvre. Il faut donc souligner que notre outil industriel a presque totalement disparu dans les filières textiles lin et chanvre.
D'ailleurs c’est la Chine qui achète aujourd’hui plus de 80 % du lin teillé qu’elle file et réexporte vers le vieux continent.
Pourtant certains se battent pour le renouveau de la filière française textile du chanvre comme la société coopérative Virgocoop dont nous sommes sociétaires.
"Virgocoop, c’est un organisme coopératif qui a pour but d’accélérer l’émergence de projets écologiquement et socialement responsables sur nos territoires. Son premier objectif est de valoriser et d’encourager le développement de l’industrie du chanvre."
C’est pourquoi nous avons choisi de nous engager avec Virgocoop. Notre basket KANA est bien sûr l’occasion d'encourager la relocalisation en France et en Europe de la filière textile du chanvre. En France, ce projet est encore à l’étape de test mais il pourrait bientôt intégrer notre production.
En attendant, le chanvre de KANA est récolté en Espagne et filé en Roumanie là où le savoir-faire résiste malgré le règne du polyester et du coton produit majoritairement en Asie. Il permet déjà de relocaliser la filière textile en Europe et c'est déjà une belle victoire !
Une culture durable sans détruire l'environnement
Le chanvre a de nombreux avantages environnementaux et cela commence au stade ou il pousse. Voici un petit résumé de sa culture ultra bénéfique.
- Il peut être planté partout : adapté à une majorité de climats, on en retrouve des montagnes arides d’Afrique du nord jusqu’en Sibérie en passant par la Chine et l'Europe.
- Son odeur repousse les insectes ravageurs de culture, donc on utilise pas d’insecticide. Il est même un sanctuaire pour certaines espèces rares comme les scarabées et les araignées.
- Le chanvre possède des racines rotatives qui s’enfoncent jusqu’à trois mètres sous la surface. Ce système racinaire possède de nombreux avantages, déjà, à une profondeur pareille, les racines trouvent de l’eau toutes seules et donc la plante n’a pas besoin d’être irriguée.
- Ce réseau racinaire est si dense que les mauvaises herbes ne peuvent pas pousser : donc pas d’herbicides ni de fongicides.
- Ces fameuses racines permettent aussi de rompre le cycle de maladies d’un sol, d’aérer la terre et de la nourrir avec l’azote que la plante produit, assurant de meilleures rendements pour les futures récoltes. C’est pour ça qu’on dit que c’est une excellente “tête de rotation”.
- Le chanvre stocke beaucoup de CO2, imaginez qu’un hectare de culture stocke autant de CO2 qu’un hectare de forêt, soit 15 tonnes par an ! Cette incroyable plante compense donc le CO2 qui est produit durant toutes les étapes de sa vie, de sa pousse à sa transformation. C’est aussi une plante très rentable puisqu’elle produit, en un seul hectare, la même quantité de fibres de quatre hectares de forêt.
Une plante peu demandeuse en eau, qui pousse partout sans produits chimiques et qui purifie le sol en ayant un super rendement, ça c’est ce qu’on peut appeler une plante responsable !
À titre de comparaison, le coton utilise énormément de pesticides : un quart des produits phytosanitaires du monde sont utilisés pour produire ce textile, qui représente seulement 2 à 6% des surfaces cultivées, alors que le chanvre n’en consomme pas. Autre point de comparaison : l’eau. Les chiffres varient selon la variété de coton, mais il faut en moyenne 2000 litres d’eau pour produire un kilo de coton, contre 300 à 500 litres pour un kilo de chanvre. Le chanvre est donc beaucoup moins gourmand sur tous les points. Il est alors intéressant d’utiliser cette alternative, surtout quand on sait que la culture du coton en Ouzbékistan a asséché presque la totalité de la mer d’Aral.
Une transformation mécanique et sans produits chimiques
Pour produire un textile de chanvre, il faut plusieurs étapes qui sont réalisées à la main ou mécaniquement.
Ces procédés sont plus laborieux que ceux utilisés pour produire du coton, ce qui peut aussi expliquer le déclin du chanvre. Pour pouvoir comprendre tout le processus, décrivons un peu la plante : le chanvre, c’est entre 3 et 4 mètres de hauteur. Les fibres servant à confectionner du textile sont situées entre l’écorce et la tige de la plante.
- Le rouissage : une fois que les tiges ont été coupées, elles doivent macérer plusieurs jours à même le sol (ou dans l’eau) pour que la fibre soit plus facile à extraire.
- Le broyage : les longueurs de la plante sont décortiquées pour récupérer les fibres et la tige en enlevant l'écorce (comme sur la gravure ci-dessous).
- Le teillage : cela consiste à tirer sur le brin de chanvre pour séparer la tige et les fibres.
- Le peignage : on peigne les fibres pour les homogénéiser en une “queue de chanvre”.
- Le filage : enfin, on peut filer les fibres pour en faire un fil !
Avec toutes ces étapes pour avoir un fil brut, pas étonnant que le coton soit plus utilisé. Mais le chanvre est beaucoup plus écologique : dans toute cette transformation, aucun produit chimique n’est utilisé puisque tout le traitement est mécanique, et on n’utilise pas d’eau non plus (à l'exception du rouissage si on choisit de faire tremper les tiges).
Les atouts techniques tout en résistance
Porter du chanvre, c’est donc mettre à l’honneur une plante très écologique et un savoir-faire ancestral. En plus, le chanvre produit aussi un tissu super qualitatif, et ce pour plusieurs raisons.
- La fibre de chanvre est très dense, et, en étant tissée, elle l’est encore plus. C’est donc sans surprise que cette fibre protège extrêmement bien des ultra-violets en bloquant les rayonnements solaires.
- Tout comme la laine, le chanvre est thermorégulateur. Avoir des textiles en chanvre, c’est donc pouvoir les porter été comme hiver. Un autre point commun avec la laine, c’est que le chanvre résiste très bien aux moisissures et autres champignons, ces caractéristiques antibactériennes sont très intéressantes, notamment pour faire des baskets qui éliminent les mauvaises odeurs !
- Si il est utilisé depuis des milliers d’années, et même dans la marine ou à l’armée, c’est que c’est un textile très résistant, notamment à l’eau salée et à l’abrasion. Il est six à huit fois plus solide que le coton. Cette solidité est due à sa fibre extrêmement longue. Il est donc clairement inusable, et vos textiles en chanvre vous suivront longtemps sans se détendre ni s’abîmer.
"On pourrait penser que c’est une matière rêche, mais contrairement aux idées reçues, le chanvre est assez doux et s'adoucit même au fur et à mesure des lavages."
"Le tissu de KANA est quasiment aussi résistant qu’un bon cuir car le chanvre est la fibre naturelle la plus solide au monde. Mélangé avec un peu de lin, il est aussi souple et respirant pour un confort maximum. Nous avons aussi ajouté un traitement imperméable pour que cette basket vous accompagne partout."
Notre basket KANA profite donc des atouts naturels du chanvre. Elle est extrêmement résistante, thermo-régulatrice et antibactérienne. On l’a décliné en 6 couleurs avec une version uniquement en chanvre et en lin mais aussi des versions avec des empiècements en suédine recyclé et caoutchouc recyclé issu des chutes de fabrication de semelles.
La fabrication est réalisée à la main dans un petit atelier au nord de Porto tout comme celle de la semelle en caoutchouc naturel et recyclé. Le montage est un cousu-strobel ce qui permet d’avoir le maximum de souplesse et de solidité.
Produire une basket en chanvre, c’est renouer avec un savoir-faire ancestral, et revenir au bon sens de l’agriculture responsable et européenne. C’est aussi vous permettre de vous chausser avec des produits résistants, qui dureront longtemps, avec un design simple et intemporel !
Avec tous ces avantages et ces caractéristiques techniques, le chanvre nous semble être une très belle matière à travailler. Nous sommes fiers de pouvoir vous proposer KANA, qui renoue avec un savoir-faire ancestral sans détruire la planète !